Guide d’aménagement et d’entretien de sentiers de quad

Fiches techniques

Fiche technique 4

Traverse de cours d’eau

Il existe de nombreux ouvrages et documents spécialisés sur les traverses de cours d’eau. Parmi ceux-ci, la FQCQ recommande particulièrement le « Guide technique no. 15 – Traverse de cours d’eau ». Ce guide a été produit par la Fondation de la faune du Québec et la Fédération des producteurs de Bois du Québec et est disponible à l’adresse suivante :

http://www.fondationdelafaune.qc.ca/documents/x_guides/262_fascicule15.pdf

Essentiellement, la traverse d’un cours d’eau doit assurer en tout temps la libre circulation de l’eau et du poisson et la protection des habitats aquatiques. La traverse d’un cours d’eau intermittent ou permanent présente souvent certains défis techniques et financiers.

Avant d’aménager une traverse de cours d’eau, tenez compte des indications suivantes :

·         Cherchez à franchir le cours d’eau perpendiculairement afin de limiter les perturbations et votre longueur de traverse;

·         Assurez-vous que le tuyau ou les culées des infrastructures ne rétrécissent pas la largeur du cours d’eau de plus de 20 %;

·         Déboisez le site des travaux de la traverse du cours d’eau au dernier moment;

·         Maintenez les souches et la végétation en place dans la bande riveraine à l’extérieur du sentier (20 m à partir de la L.H.E.) afin de bouleverser le moins possible le cours d’eau;

·         Gardez la machinerie à l’intérieur de l’emprise;

·         Effectuez les travaux pendant la période où le niveau de l’eau est à son plus bas et en dehors des périodes où la faune et la végétation sont particulièrement vulnérables : migration du poisson, période d’incubation des œufs, etc.;

·         Utilisez de la machinerie en parfait état et vérifiez-la régulièrement. L’entretien et le ravitaillement en carburant doivent être faits à plus de 60 m du cours d’eau;

·         Utilisez, autant que possible, des essences de bois très durables comme le cèdre et le mélèze. Il existe aussi de nouvelles formes de séchage qui permettent de prolonger la durée des pièces de bois.

Le choix de la structure la plus appropriée pour franchir un cours d’eau se fait généralement  en fonction de la largeur du cours d'eau.

Largeur du cours d’eau (m)

Structure recommandée

Moins de 1

Ponceau

Moins de 3

Arche

Ponceau

3 à 10

Ponceau à tuyaux multiples

Pont ou passerelle si débit trop important

Plus de 10

Pont ou passerelle

 


 

Pont et passerelle

Le pont et la passerelle, généralement en bois, sont définitivement les structures les plus durables mais aussi les plus coûteuses. Comparativement aux ponceux, ils permettent aisément le passage des débris transportés par le cours d’eau. Ils offrent aussi la latitude pour répondre à des épisodes de fortes crues. Par contre, ils requièrent généralement les services d’un ingénieur pour la production des plans et devis.

Les structures d’un pont ou d’une passerelle sont généralement en bois mais parfois en acier ou une combinaison des deux. Les culées sont remplies de pierres ou de béton. Vous pouvez utiliser les pierres trouvées lors des travaux d’aménagement de votre sentier.

Figure 1. Aménagement d'un pont.

Idéalement, les culées seront installées à plus de 50 cm de la L.H.E. afin d’éviter les problèmes d’érosion lors de la période de crue. Si cela est impossible, vous pouvez empiéter dans le lit du cours d’eau sans réduire sa largeur de plus de 20 %.

Si vous décidez de construire un pont ou une passerelle avec des billes de bois, assurez-vous que l’écorce soit retirée des billes. Départissiez-vous de celle-ci à bonne distance des cours d’eau afin que l’écorce ne se rende pas dans le cours d’eau.

Ponceau

Le ponceau simple est une traverse de cours d’eau faite à l’aide d’un tuyau installé dans le fond du cours d’eau et recouvert de gravier grossier compacté et stabilisé avec de la végétation. Les extrémités sont stabilisées avec de la pierre.

Le ponceau double est constitué de deux tuyaux parallèles. Certains critères spécifiques sont à respecter lors de leur conception. Par contre, vous devez savoir que vous êtes limités à deux ponceaux parallèles. Si le cours d’eau est trop large ou le débit trop important, vous devrez opter pour un pont ou une passerelle.


 

Qu’il soit simple ou double, voici quelques aspects à prendre en compte pour l’aménagement d’un ponceau :

·         Vitesse d’écoulement : en aucun temps la vitesse d’écoulement de l’eau à l’intérieur et à la sortie du ponceau doit être augmentée. Cette vitesse ne devrait généralement pas dépasser 1,2 m par seconde pour un tuyau ayant une longueur de 25 m et moins;

·         Géotextile : l’absence de géotextile et de roches à l’entrée et à la sortie du ponceau amène un creusage du lit du cours d’eau;

·         Texture du tuyau : le revêtement du tuyau doit être rugueux (ondulation) ce qui permet de fractionner l’effet du courant;

·         Lame d’eau : la hauteur de la lame d’eau doit être suffisante dans le ponceau;

·         Profondeur du ponceau : le ponceau doit être enfoui à un minimum de 10 % de sa hauteur pour permettre le rétablissement du lit du cours d’eau à l’intérieur de la structure et pour conserver un niveau adéquat de la lame d’eau;

·         Bassin de repos : l’absence de bassin de repos à la sortie du ponceau empêche le poisson de se propulser.

Figure 2. Aménagement d'un ponceau.

La conception d’un ponceau double requiert :

·         Un tuyau plus bas que l’autre;

·         Une distance de 1 m entre les tuyaux;

·         Aucun élargissement du cours d’eau pour installer les tuyaux.

Arche

Une arche est généralement fabriquée à partir d’un tuyau d’acier galvanisé ou de polyéthylène coupé en deux. La portée varie de 1,3 m à 2,3 m. Elle a l’avantage d’être facile à transporter et à manipuler. Elle constitue un bon choix pour les milieux sensibles ou pour protéger les habitats fauniques. Par contre, la mise en place d’une arche peut être limitée par la largeur du cours d’eau, qu’il soit permanent ou intermittent, par des coûts plus élevés qu’un ponceau simple et par l’instabilité des berges qui recevront l’assise.

 

Voici ce qu’il faut faire pour mesurer la largeur de l’arche :

·         Prenez deux mesures en amont et deux mesures en aval du site;

·         Faite une moyenne de ces mesures pour obtenir votre mesure;

·         Gardez une distance minimale de 5 m entre chaque mesure; si vous voyez que la L.H.E. varie beaucoup, augmentez votre nombre de mesures.

Figure 3. Aménagement d'une arche.

Peu importe le type de traverse, le Règlement sur les normes d’intervention dans les forêts du domaine de l’État (RNI) exige la stabilisation des structures. En respectant la pente 1 :1,5 pour la stabilisation du haut et du bas du remblai, vous préserverez vos infrastructures. Ensemencez le haut remblai avec des plantes graminées et disposez la paille sur environ 8 cm d’épaisseur. Le foin permettra de maintenir l’humidité du sol durant la période de germination, tandis que les racines des plantes retiendront les particules du sol. Le bas remblai doit être stabilisé à l’aide d’une membrane géotextile et d’un enrochement.

Toujours selon le RNI, le tapis végétal de part et d’autre du sentier doit être conservé sur une bande de 20 m de chaque côté du cours d’eau. Vous devez stabiliser les rives par l’ensemencement ou par la plantation d’arbustes riverains. Utilisez des semences de graminées et de légumineuses spécialement préparées pour cet usage.

Figure 4. Stabilisation des remblais.

Enfin, le matériel qui compose la surface de roulement sur le ponceau et à l’intérieur des 20 m de chaque côté ne doit pas être entraîné vers le cours d’eau. Si la topographie du terrain ne vous permet pas de surélever cette section, vous pourrez réduire les déversements en installant des roches, des pièces de bois ou un bourrelet de terre le long du sentier entre les bassins de sédimentation de part et d’autre du ponceau (figure 5).

Les bourrelets de chaque côté du sentier mesurent 15 à 30 cm de hauteur et 50 cm de largeur. En créant ainsi, sur la surface du chemin, une petite dépression à l’extérieur des 20 mètres, l’eau s’évacuera dans les bassins de sédimentation.

Figure 5. Bourrelet le long du sentier.

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